• Djaïli Amadou Amal, Les impatientes (sans spoil !)

    Bonjour à toutes et à tous !

    Récemment, j’ai lu un livre qu’on m’avait recommandé plusieurs fois, et j’ai bien fait.

     

    TW: le livre que je vais critiquer aborde les thèmes du mariage forcé et du viol. J'en fais mention dans cette critique sans entrer dans les détails. 

    Critique certifiée sans spoil ^^

     

     

     

    les impatientes 
     

     Résumé éditeur: 

    Trois femmes, trois histoires, trois destins liés.

    Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l'époux de Safira, tandis que Hindou, sa soeur, est contrainte d'épouser son cousin.

    Patience ! C'est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu'il est impensable d'aller contre la volonté d'Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?

    Mariage forcé, viol conjugal, consensus et polygamie : ce roman de Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.

     

    Autrice: Djaïli Amadou Amal

    Editeur: Editions Emmanuelle Collas

    Année de parution: 2020

    Prix de vente publique: 17 euros

    Genre: fiction littéraire

     

     

    Les impatientes est un livre grave, dur et tragique, mais important. C’est une piqûre de rappel : l’histoire se passe au moment même où vous la lisez. Les thèmes évoqués – aussi difficiles soient-ils à aborder – le sont sans aucun tabou, sans censure. Et pourtant, comment trouver la justesse nécessaire quand on évoque le viol conjugal ? Le mariage forcé ? La polygamie ? Les violences conjugales ?

    Plusieurs fois, en lisant le roman, je me suis demandée si je devais le lire comme un témoignage. Après tout, l’histoire que l’autrice narre est également la sienne : Djaïli Amadou Amal est elle-même camerounaise, peule et musulmane. Elle-même est mariée de force à l’âge de 17 ans à un polygame cinquantenaire, avant d'être répudiée. Remariée, elle subit des violences conjugales et fuit. Ramla, Hindou et Safira, sont le visage de toutes ces femmes dont les droits et le consentement sont bafoués insidieusement, et s'inspirent toutes les trois de l'histoire de l'autrice. Et puis, le ton employé est simple, sans artifices. J’ai pensé d’abord à un défaut du livre : j’ai pensé que l’écriture manquait de finesse et que les nombreuses répétitions ne servaient pas la gravité du roman. Cependant, c’est justement en ce point que réside la subtilité et la force de la narration malgré la difficulté d’aborder ces thèmes. En refermant le livre, plus de doute : sans être un témoignage neutre, au ton journalistique, cette œuvre littéraire décrit et dénonce la réalité dure de ces femmes avec les mots justes, simples, choisis, souvent ironiques. C’est là qu’est la dénonciation. « Ce n'est pas un viol. C'est une preuve d'amour. On conseilla tout de même à Moubarak de refréner ses ardeurs vu les points de suture que ma blessure nécessita. On me consola. C'est ça le mariage.». Une réalité aussi dure n’a pas besoin d’un ton mélodramatique, d'images et d'embellissement pour faire passer l’émotion.

    Djaïli Amadou Amal décrit avec beaucoup de puissance et de justesse le chantage affectif auquel font face ces femmes qui se trompent d’ennemi, prisonnières de leur société et de ses attentes. «Epargne-toi des soucis inutiles, ma fille. Epargne-moi aussi, car ne te leurre pas, la moindre de tes désobéissances retombera invariablement sur ma tête.». Le mot « munyal » (« patience ») est mitraillé tout le long du livre, au point de ne plus pouvoir le lire.

    On ne décroche pas de ce récit et on le dévore tout le long. Pour l’anecdote, je l’ai donné à lire à une amie qui, pour ainsi dire, n’est pas une grande lectrice. Elle finit rarement ses livres, même lorsqu’elle les trouve intéressants. Elle a pourtant dévoré Les impatientes du début à la fin et l’a terminé en quelques heures. Malheureusement, le livre est court en contrepartie, trop court à mon goût. J’aurais aimé avoir un approfondissement qui aurait permis de s’attacher davantage aux protagonistes, ainsi que des détails sur les enjeux.

    « Et n’oublie pas : munyal, patience !»

     

    Note: 8/10


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